Ces endroits où j'ai voyagé avec Astérix

Anonim

Astrix Uderzo

Image tirée d'Astérix en Bretagne, un film d'animation de 1986.

« Nous sommes en l'an 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... en totalité ? Non! Un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur ».

Comme beaucoup d'entre nous, j'ai grandi en lisant les aventures de Astérix le Gaulois, Inspiré de l'histoire vraie de Vercingétorix et assaisonné d'une dose de potion magique et de beaucoup d'humour.

Rare était la nuit où, avant de dormir, un titre du Gaulois et de son village irréductible ne tombait pas, et nombreux étaient ceux qui, au milieu d'une odyssée, appelaient ma mère demander s'il restait de la viande dans le frigo.

Uderzo Astrix

Affiche du film Les douze procès d'Astérix (1976).

rêvé de manger ces énormes sangliers rôtis qu'Obélix aimait tant (pas toujours barbouillés de graisse d'aurochs !), au lait de chèvre et autres délices gastronomiques que les protagonistes appréciaient, et rêvaient aussi de voyager comme eux, heureux et insouciants, ces chemins qui les ont menés en Hispanie, en Allemagne, en Egypte, en Bretagne, en Helvétie, en Grèce, en Inde...

Mes frères et moi étions alors assez jeunes (adolescents plus tard, et jeunes, et adultes, nous avons continué à les dévorer) et nous avons accumulé** des blagues et des passages de la BD dans notre imaginaire d'enfant.**

Nous répétons encore aujourd'hui que "Parfois, je me sens si fatigué", de l'incompris Abraracúrcix, tombé de son bouclier.

Uderzo Astrix

Albert Uderzo chez lui, en août 1979.

Parfois, les blagues étaient liées au thème culinaire ("Le temps de la sieste !", "Peziña de bie, pezoña de boe", "Le secret est de ne pas abuser des sauces"...), d'autres avec ces curiosités que les personnages nous découvraient sur les destinations suggestives qu'ils ont visitées.

Dans notre courte connaissance du monde, nous avions parfois du mal à les relier à des lieux réels, nous vantant quand nous trouvions la connexion... "Ah, Lutèce !"...

Uderzo Astrix

Original de la bande dessinée Astérix de 1972 vendue aux enchères chez Christie's à Paris en 2015. Uderzo est sorti de sa retraite pour dessiner en soutien aux dessinateurs de Charlie Hebdo tués dans des attentats djihadistes.

On a parfois commenté que depuis qu'ils ont créé la série en 1959, René Goscinny (le scénariste, décédé en 1977) et Albert Uderzo, qui nous a laissé aujourd'hui avec 92 ans, abordé avec humour et amplement de licence pour le stéréotype les particularités des pays et des régions du monde.

Grâce au Retour en Gaule d'Astérix (1965), nous avons appris que les Normands ne peuvent pas donner de réponses directes et que les Marseillais exagèrent. Et grâce à l'hilarant Astérix en Corse (1973) on s'est renseigné sur cette île et la susceptibilité des corses (et l'odeur de ses meilleurs fromages, Catarinetabelatxitxit !).

Uderzo Astrix

Uderzo à sa table de travail, en 1977, à côté de quelques figures d'Astérix et d'Obélix.

Nous n'oublierions pas facilement qu'en Angleterre ils boivent du thé, car dans ces beaux dessins nous avons appris la manie des personnages de ces terres de boire de l'eau chaude (Astérix en Bretagne, 1966), ou qu'en Belgique on mange des frites, grâce à l'anachronisme de l'aventure publiée en 1979. On rit aussi en voyant les clichés sur le flamenco et l'huile d'olive d'Astérix en Hispanie (1969).

On suit nos Gaulois préférés en Suisse dans Astérix en Helvétie (1970), à la recherche de l'étoile d'argent, et on fantasme de goûter ces fromages et **une fondue crémeuse... sans perdre le morceau de pain ! (Quelqu'un se souvient-il de laquelle de ses aventures provenait ?).

Uderzo Astrix

Couverture de La Fille de Vercingétorix, la dernière aventure publiée d'Astérix.

Nous sommes nombreux à rêver les pyramides d'Egypte après avoir lu Astérix et Cléopâtre (1965) et on sourit quand on se souvient du druide Panoramix disant "Oh, quel nez !"... Nous avons également pu le voir dans les films, chansonnette de salle de bain incluse, grâce à une adaptation animée amusante.

Des versions avec Gérard Depardieu je ne suis pas fan, je l'avoue, mais pour goûter les couleurs. Bien sûr, chez mes cousins, c'était réussi avec des rires (et des visionnements répétés jusqu'à la nausée) le fabuleux Les Douze Épreuves (1978), qui avait un scénario original.

Uderzo Astrix

René Goscinny, à gauche, et Albert Uderzo à Megève, en 1971.

Il est difficile de choisir un titre préféré, mais parmi mes favoris d'enfance, il y avait Astérix et les Normands (1966) – avec Gudurix aux cheveux longs et lâche et sa danse 'al pata patá' – et Astérix légionnaire (1967), un des tomes que nous avions le plus manipulé, dans lequel les protagonistes se rendent en Afrique pour récupérer le beau soldat dont Falbalá est amoureux.

Après la mort de René Goscinny – également le père de Lucky Luke et Petit Nicolas – Uderzo a encore publié des merveilles comme Le Grand Fossé (1980), Astérix en Inde (1983) et Le Fils d'Astérix (1983), ou la curieuse histoire féministe d'Astérix : la rose et l'épée (1991).

Depuis quelque temps, il avait laissé la série entre les mains de Didier Conrad (crayons) et Jean-Yves Ferri (scénario). L'un d'eux est l'album Astérix en Italie (2017), où ils ont affronté rien de moins... à un coureur romain maléfique nommé Coronavirus !

Uderzo est décédé aujourd'hui, mais les génies comme lui ne s'en vont jamais, tant que nous continuons à avoir ses oeuvres qui font sourire, rêver... et voyager. Pour Toutatis !

Uderzo Astrix

Albert Uderzo après avoir reçu le prix Génie le 5 novembre 1983 à Paris.

Lire la suite