Adieu le glaneur d'histoires : au revoir, Agnès

Anonim

Agnès Varda

Adieu le glaneur d'histoires

elle a vu l'exceptionnel au quotidien , dans le fade, dans ce que nous négligeons normalement. Cette acuité visuelle était, en vérité, un arme de dénonciation.

Avec Varda Nous avons voyagé à travers la France, à la rencontre des voisins, des ouvriers, des histoires de la vie quotidienne, qu'elle racontait avec sa caméra branlante à l'épaule et ces clichés insouciants et drôles. Plus d'une fois, il a oublié d'éteindre la caméra et c'est ce qu'il nous a montré dans l'édition finale de la pièce. Rien n'a été gaspillé tout faisait partie de cette réalité proche avec laquelle il nous interrogeait.

Agnès , en tant que l'un des fondateurs de la nouvelle vague (n'oublions pas que votre film La Pointe Courte était avant à bout de souffle de Godard), nous a tout appris. Naturel. Dans son travail, le maximum d'artifice est la réalité, aussi grossière soit-elle.

Pas en vain, en 1977, il crée son film ** L'Une chante, l'autre pas **, où il revendiquait le droit des femmes à décider de leur corps.

Agnès nous a tout appris : ses cheveux, le passage du temps dans les rides de ses mains, dans les sillons de ses yeux... Jusque dans les formes capricieuses des pommes de terre qui poussent dans les champs français. Ce n'était qu'une excuse, un oubli, passer du temps dans le temps.

Dans _Les glaneurs et la glaneuse _ , a recherché, sans cesse, ces collectionneurs (de fruits et légumes, mais aussi de déchets, d'objets...) et elle a fini par devenir 'glaneuse' d'expériences (cette merveilleuse scène du documentaire où il récupère des camions sur la route depuis sa voiture et avec sa main en forme de O). Des scènes douces et drôles qui représentaient tellement sa façon de voir le monde.

Sa dernière aventure nous a fait verser la larme occasionnelle dans le cinéma , parce que ce passage du temps dont il parlait tant, devenait palpable dans ses pas lents vers la mer, bras dessus bras dessous avec JR, son compagnon dans le documentaire Visages Villages .

Agnès endormie dans un train

Agnès endormie dans un train ("Visages Villages")

Une camionnette avec un appareil photo qui imprime des photos à grande échelle parcourt la France. À l'intérieur, deux générations et quatre yeux (et une paire de lunettes) qui racontent les histoires derrière les rides de ses habitants.

UN Agnès Varda et l'énigmatique photographe **JR**, toujours à l'abri derrière ses lunettes de soleil, un demi-siècle les séparait et, malgré la grande différence d'âge, tous deux partageaient un passe-temps : soyez des observateurs.

Varda, à travers ses bandes; JR avec ses peintures murales. Dans Visages Villages , film nominé pour le meilleur documentaire lors de la dernière édition des Oscars, ont uni leurs forces. Selon les mots d'Agnès, le but était « photographier les visages pour qu'ils ne disparaissent pas dans les trous de ma mémoire » . Pas les nôtres.

Pour cette raison, lors de leur étrange voyage en voiture, ils ont recherché les histoires des mineurs de Bruay-la-Buissière et photographié Jeanine, la dernière habitante du quartier minier en passe d'être démolie ; ils ont ravivé les murs de la maisons inhabitées de Pirou-Plage avec des portraits de leurs voisins ; et rempli les récipients avec Le Havre avec des photographies de femmes de dockers.

Car ce sont eux, les visages injustement oubliés, qu'ils ont recherchés.

Mais c'est aussi devenu un voyage introspectif dans lequel Agnès v revient sur les lieux de son histoire avec la photographie et le cinéma : la tombe d'Henri Cartier-Bresson (et de sa femme, Martine) à Montjustin, imitant la course au Louvre du film bande à part de Jean-Luc Godard, et collage une photographie qu'Agnès a prise de Guy Bourdin dans le bunker de la plage de Saint-Aubin-sur-Mer, en Normandie.

La marée a emporté le papier Bourdin le lendemain, laissant une ombre d'encre... Heureusement, la caméra pointue d'Agnès était toujours là pour tout immortaliser.

Agnès et J.R.

Agnès et J.R.

Village des Visages

Une photographie qu'Agnès a prise de Guy Bourdin dans le bunker de la plage de Saint-Aubin-sur-Mer, en Normandie

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